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XXX

C’est la première étape de l’essaim qu’on appelle « l’essaim primaire », à la tête duquel se trouve toujours la vieille reine. Il se pose d’habitude sur l’arbre ou l’arbuste le plus proche du rucher, car la reine, alourdie de ses œufs et n’ayant pas revu la lumière depuis son vol nuptial ou depuis l’essaimage de l’année précédente, hésite encore à se lancer dans l’espace et paraît avoir oublié l’usage de ses ailes.

L’apiculteur attend que la masse se soit bien agglomérée, puis, la tête couverte d’un large chapeau de paille (car l’abeille la plus inoffensive tire inévitablement l’aiguillon lorsqu’elle s’égare dans les cheveux, où elle se croit prise au piège), mais sans masque et sans voile, s’il a de l’expérience, et après avoir plongé dans l’eau froide ses bras nus jusqu’au coude, il recueille l’essaim en secouant vigoureusement au-dessus d’une ruche renversée la branche qui le porte. La grappe y tombe lourdement comme un fruit mûr. Ou bien, si la branche est trop forte, il puise à même le tas, à l’aide d’une cuiller et répand ensuite où il veut les