Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/128

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agrandie et ennoblie, mais notre intelligence.

J’avouerai donc que souvent les abeilles marquées reviennent seules. Il faut croire qu’il y a chez elles les mêmes différences de caractère que chez les hommes, qu’on en trouve qui sont silencieuses et d’autres bavardes. Quelqu’un qui assistait à mes expériences, soutenait que c’était évidemment par égoïsme ou par vanité que beaucoup n’aiment pas à révéler la source de leur richesse ou à partager avec une de leurs amies la gloire d’un travail, que la ruche doit trouver miraculeux. Voilà de bien vilains vices qui n’exhalent pas la bonne odeur, loyale et fraîche, de la maison des mille sœurs. Quoi qu’il en soit, il arrive souvent aussi que l’abeille favorisée par le sort revienne au miel accompagnée de deux ou trois collaboratrices. Je sais que sir John Lubbock dans l’appendice de son ouvrage, Ants, Bees and Wasps, dresse de longs et minutieux tableaux d’observations, d’où l’on peut conclure que presque jamais une autre abeille ne suit l’indicatrice. J’ignore à quelle espèce d’abeilles avait affaire le savant naturaliste, ou si les circonstances étaient particulièrement défavorables. Pour moi, en consultant mes propres tables, faites avec soin, et après avoir