Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/211

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ment le désir de la nature, le suivait à l’extrême, et puisqu’elle demande impérieusement des mâles, les multipliait à l’infini ? Ne risquerait-elle pas de détruire son espèce ? Faut-il croire qu’il y ait des intentions de la nature qu’il soit dangereux de saisir et funeste de suivre avec trop d’ardeur, et qu’un de ses désirs souhaite qu’on ne pénètre et qu’on ne suive pas tous ses désirs ? N’est-ce point là, peut-être, un des périls que court la race humaine ? Nous aussi nous sentons en nous des forces inconscientes, qui veulent tout le contraire de ce que notre intelligence réclame. Est-il bon que cette intelligence, qui pour l’ordinaire, après avoir fait le tour d’elle-même, ne sait plus où aller, est-il bon qu’elle rejoigne ces forces et y ajoute son poids inattendu ?

XV

Avons-nous le droit de conclure du danger de la parthénogenèse que la nature ne sait pas toujours proportionner les moyens à la fin, que ce qu’elle entend maintenir se maintient parfois grâce à d’autres précautions qu’elle a prises contre ses précautions mêmes, et souvent aussi