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Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/98

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tudes de la république royale. Il suffisait, comme l’ont fait Dujardin, Brandt, Girard, Vogel et d’autres entomologistes, de placer sous le microscope, à côté du crâne un peu vide de la reine et du chef magnifique des mâles où resplendissent vingt-six mille yeux, la petite tête ingrate et soucieuse de la vierge ouvrière. Nous aurions vu que dans cette petite tête se déroulent les circonvolutions du cerveau le plus vaste et le plus ingénieux de la ruche. Il est même le plus beau, le plus compliqué, le plus délicat, le plus parfait, dans un autre ordre et avec une organisation différente, qui soit dans la nature après celui de l’homme[1]. Ici encore, comme partout dans le régime du monde que nous connaissons, là où se trouve le cerveau, se trouve l’autorité, la force véritable, la sagesse et la victoire. Ici encore, c’est un atome presque invisible de cette substance mystérieuse

  1. Le cerveau de l’abeille, selon les calculs de Dujardin, forme la 174e partie du poids total de l’insecte ; celui de la fourmi la 296e. En revanche, les corps pédonculés qui paraissent se développer à proportion des triomphes que l’intelligence remporte sur l’instinct, sont un peu moins importants chez l’abeille que chez la fourmi. Ceci compensant cela, il semble résulter de ces estimations, en y respectant la part de l’hypothèse, et en tenant compte de l’obscurité de la matière, que la valeur intellectuelle de la fourmi et de l’abeille doive être à peu près égale.