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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/26

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MÉLISANDE.

Elle n’ouvre plus les yeux des aveugles ?

PELLÉAS.

Depuis que le roi est presque aveugle lui-même, on n’y vient plus…

MÉLISANDE.

Comme on est seul ici… On n’entend rien.

PELLÉAS.

Il y a toujours un silence extraordinaire… On entendrait dormir l’eau… Voulez-vous vous asseoir au bord du bassin de marbre ? Il y a un tilleul où le soleil n’entre jamais…

MÉLISANDE.

Je vais me coucher sur le marbre. — Je voudrais voir le fond de l’eau…

PELLÉAS.

On ne l’a jamais vu. — Elle est peut-être aussi profonde que la mer.

MÉLISANDE.

Si quelque chose brillait au fond, on le verrait peut-être…

PELLÉAS.

Ne vous penchez pas ainsi…