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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/34

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MÉLISANDE.

Oh ! non ; ce n’est pas cela… Je voudrais m’en aller avec vous… C’est ici, que je ne peux plus vivre… Je sens que je ne vivrais plus longtemps…

GOLAUD.

Mais il faut une raison cependant. On va te croire folle. On va croire à des rêves d’enfant. — Voyons, est-ce Pelléas, peut-être ? — Je crois qu’il ne te parle pas souvent…

MÉLISANDE.

Si, si ; il me parle parfois. Il ne m’aime pas, je crois ; je l’ai vu dans ses yeux… Mais il me parle quand il me rencontre…

GOLAUD.

Il ne faut pas lui en vouloir. Il a toujours été ainsi. Il est un peu étrange. Il changera, tu verras ; il est jeune…

MÉLISANDE.

Mais ce n’est pas cela… ce n’est pas cela…

GOLAUD.

Qu’est-ce donc ? — Ne peux-tu pas te faire à la vie qu’on mène ici ? Fait-il trop triste ici ? — Il est vrai que ce château est très vieux et très sombre… Il est très froid et très profond. Et tous ceux qui l’habitent sont déjà vieux. Et la campagne peut sembler bien triste aussi, avec toutes