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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/82

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que chose ; sans cela je ne pourrais pas mourir… Voulez-vous ? — Vous pouvez revenir tout de suite… Ne me refusez pas cela… Je suis un malheureux… Sortent Arkël et le médecin. — Mélisande, as-tu pitié de moi, comme j’ai pitié de toi ?… Mélisande ?… Me pardonnes-tu, Mélisande ?…

MÉLISANDE.

Oui, oui, je te pardonne… Que faut-il pardonner ?

GOLAUD.

Je t’ai fait tant de mal, Mélisande… Je ne puis pas te dire le mal que je t’ai fait… Mais je le vois, je le vois si clairement aujourd’hui… depuis le premier jour… Et tout est de ma faute, tout ce qui est arrivé, tout ce qui va arriver… Si je pouvais le dire, tu verrais comme je le vois !… Je vois tout, je vois tout !… Mais je t’aimais tant !… Je t’aimais tant !… Mais maintenant, quelqu’un va mourir… C’est moi qui vais mourir… Et je voudrais savoir… Je voudrais te demander… Tu ne m’en voudras pas ?… Il faut dire la vérité à quelqu’un qui va mourir… Il faut qu’il sache la vérité, sans cela il ne pourrait pas dormir… Me jures-tu de dire la vérité ?

MÉLISANDE.

Oui.

GOLAUD.

As-tu aimé Pelléas ?