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MONOGRAPHIES VÉGÉTALES

je persiste à ne pas comprendre pourquoi ils le font, s’ils ont l’intention de nous attaquer…

— Et je ne le comprends pas davantage, ajouta John Cort, s’ils n’ont pas cette intention. »

C’était inexplicable, en effet. Il est vrai, de quoi s’étonner, du moment qu’il s’agissait de ces brutes nomades du haut Oubanghi ?…

Jules Verne.

(La suite prochainement.)


MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LÉGUMINEUSES ET SOLANÉES



Tout d’abord, dès le début de ce chapitre, je crois devoir déclarer que je n’exige point de vous que vous soyez légumistes. Il y a des végétariens convaincus, j’en ai la certitude. Eh bien, respectons-les — car toute conviction sincère est respectable — mais ne nous croyons pas tenus de les imiter. Il est absolument déplorable, à coup sûr, que nous soyons obligés de manger de la viande et par suite de tuer des millions de pauvres bêtes innocentes. C’est lamentable, je le confesse ; je dirai même plus, c’est odieux ! Mais l’homme étant un animal omnivore, ainsi que l’établit la constitution de son appareil de mastication, il semble être autorisé, plus encore, invité par la nature même à s’assimiler une nourriture semblable à celle dont vivent les animaux carnivores. La viande, il serait inutile de le nier, est nécessaire au développement de la cellule cérébrale et favorise puissamment l’intellectualité. Les hommes primitifs frugivores pensaient très peu. Certains sauvages mal nourris n’ont que deux ou trois idées par jour. L’intensité de la force cérébrale a coïncidé avec l’usage d’une nourriture azotée et divers savants affirment que le cerveau de l’homme moderne serait incapable de fournir la somme de travail que réclame, qu’exige notre société enfiévrée, s’il ne pouvait, par une forte alimentation, subvenir aux énormes dépenses que lui impose son incessante activité. Mais coupons court à ces considérations préliminaires et revenons à nos légumineuses. Si l’homme est carnivore, il n’en est pas moins herbivore, et c’est pour cela que nous allons parler des légumes.

Entendons-nous bien toutefois. Cette dénomination de « légumes » pouvant s’appliquer à toutes sortes de substances végétales (feuilles, racines, fruits ou plantes entières) pourrait nous entraîner fort loin et nous lancer dans l’étude de tout ce que les Anglais appellent du nom collectif de vegetables. Aussi, nous bornerons-nous à passer en revue certains végétaux spéciaux appartenant essentiellement aux deux familles qu’annonce notre titre et qui sont dignes, à tous égards, de prendre rang après les illustres graminées.

Les légumineuses alimentaires sont connues de tout le monde : haricots, pois, fèves, lentilles… Qui ne connaît ces noms familiers ? Familiers, soit : mais combien s’y rattachent de particularités intéressantes.

Le genre Haricot (en latin Phaseolus) est, paraît-il, originaire des Indes orientales, mais il est cultivé aujourd’hui dans toute l’Europe, le plus généralement comme plante alimentaire, mais quelquefois aussi comme plante d’ornement. Dans la première série, figure le haricot commun, plante herbacée, annuelle, volubile, à feuilles trifoliées et à fleurs disposées en grappes. Le fruit est une gousse oblongue, bivalve et renfermant un grand nombre de graines farineuses. À cette espèce se rattachent de nombreuses variétés parmi lesquelles il faut citer comme les plus estimées : le haricot de Soissons, le haricot renflé d’où sont issues les sous-variétés appelées Princesse et Flageolet, le haricot sans fil, le haricot riz, le haricot beurre, très tendre, dont on mange la gousse, et enfin les fameux haricots de Tarbes qui figurent à coup sûr parmi les meilleurs.