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ANDRÉ LAURIE

Comme elle disait ces mots, Mme Masseyparut dans l’encadrement de la porte. Soit qu’elle eût entendu un mot inquiétant, soit que l’instinct de sa tendresse l’eût avertie, elle interrogeait sa fille par son attitude même, par toute sa physionomie terrifiée.

Il fallut lui dire la navrante vérité, — celle qu’on soupçonnait, qu’on voulait éclaircir. Et aussitôt, d’un ton décisif et qui n’admettait pas de réplique :

« Partons à l’instant !… Partons tous !… prononça-t-elle. L’attente serait trop cruelle à ceux qui resteraient ici… Et puis, je ne veux plus… je ne veux plus me séparer de vous !… Tout, plutôt que cela !… Allons !… ce ne sont pas les poneys qui manquent… qu’on en selle autant qu’il faut !… Et Phanor !… où est Phanor ?… Il nous guidera, le bon chien !… qu’on l’amène !… qu’on lui fasse flairer un ruban de Tottie. Il nous maintiendra sur sa trace… »

Personne ne trouva un mot à objecter. Chacun comprit qu’une telle volonté devait être obéie.

En quelques minutes, tout était prêt : les chevaux sellés, les armes choisies, les vivres entassés par Martine dans un sac de cuir qu’elle emportait en croupe, Phanor avait pris le vent et bondissait en aboyant devant la troupe, qui partit au grand trot sur le chemin du Sud.

André Laurie.

(La suite prochainement.)