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Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIII, 1901.pdf/356

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LA GRANDE FORÊT

leur poste, et, cette nuit-là, le souverain ne serait pas bien gardé. Il se pouvait, cependant, qu’il y eût quel­ ques « chambellans de service » près de Sa Majesté et qu’il fût malaisé de tromper leur surveillance. Toutefois Khamis et ses compagnons estimaient l’occa­ sion trop tentante pour n’en point profiter. Une heureuse chance leur avait permis d’at­ teindre l’habitation royale sans avoir été aperçus, et ils se disposèrent à y pénétrer. En rampant le long des branches, Llanga put s’avancer jusqu’à la porte, et, avant d’entrer, constata qu’il suffirait de la pousser pour pénétrer à l’intérieur. John Cort, Max Huber et Khamis le rejoignirent aussitôt. Pendant quelques minutes, ils prêtèrent l’oreille, prêts à battre en retraite, s’il le fallait. Aucun bruit ne sc faisait entendre ni au dedans ni au dehors. Ce fut Max Huber qui le premier franchit le seuil. Ses compagnons le suivirent et re­ fermèrent la porte derrière eux. Cette habitation comprenait deux chambres contiguës, for­ mant tout l’appartement de Msélo-Tala-Tala. Personne dans la première, absolument obscure. Khamis appliqua son œil à la porte qui communiquait avec la seconde chambre, — porte assez mal jointe à travers laquelle filtraient quelques lueurs. Le docteur Johausen était là, à demi couché sur un divan au fond de cette pièce. Évidemment, ce meuble et quelques autres qui garnissaient la chambre provenaient du matériel de la cage, et avaient été apportés à Ngala en même temps que leur propriétaire. « Entrons », dit Max Huber.

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Au bruit qu’ils firent, le docteur Johausen, tournant la tête, se redressa à demi... Peutêtre venait-il d’être tiré d’un profond som­ meil... Quoi qu’il en soit, il ne parut pas que

la présence des visiteurs eût produit sur lui aucun effet. « Docteur Johausen, mes compagnons et moi, nous venons offrir nos hommages à Votre Majesté !... » dit John Cort en allemand. Le docteur ne répondit rien... Est-ce qu’il n’avait pas compris ?... Est-ce qu’il avait oublié sa propre langue, après trois ans de séjour chez les Wagddis ?... « M’entendez-vous ? reprit John Cort. Nous sommes des étrangers qui avons été amenés au village de Ngala... » Aucune réponse.