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Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIV, 1901.djvu/254

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COLETTE EN RHODESIA

comme les plus parfaits, ses petits défauts de caractère et ses exigences. Il était, on s’en souvient, peut-être un peu susceptible, très sur l’œil, disait Gérard, sur la question des égards qui lui étaient dus : et en tête de ces égards et de ces attentions, bien au-dessus des bananes ou autres douceurs matérielles, il mettait la société de ceux qui lui étaient chers.

Or cette compagnie, ces visites constantes, si naturelles et si simples à bord, devenaient tout d’un coup difficiles, impraticables, et le pauvre vieux serviteur qui commençait déjà à se sentir si malheureux dans son logis de Marseille, allait le devenir plus encore. Lors qu’on l’en tira pour le mener à la gare du chemin de fer, il crut un instant que l’épreuve était finie, que les beaux jours allaient revivre. Mais quand il eut compris la triste vérité, quand il se vit isolé dans un fourgon à bagages du « rapide » qui roulait vers Paris, qu’il vit tous ses amis se retirer, après un tendre adieu, vers le wagon où ils ne pouvaient l’inviter à prendre place, il tomba dans une sombre mélancolie.

Doux et résigné, il avait supporté comme un mouton les chocs, les déménagements, l’étroit espace, le manque d’air et d’exercice ; mais ceci lui parut combler la mesure, et dans sa cervelle d’éléphant une certaine rancune se leva.

Loin de lui, dans le compartiment qu’occu-