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XI

Entre Anglais et Français


Si jamais les dispositions hostiles qui surexcitaient les deux équipages du Repton et du Saint-Enoch eurent l’occasion de se manifester, ce fut bien, on l’avouera, en la présente circonstance.

Que la baleine eût été d’abord aperçue par les vigies du Saint-Enoch, que les Français se fussent les premiers mis à sa poursuite, cela ne pouvait être contesté. Il était de toute évidence que, trois heures auparavant, les pirogues du second et des lieutenants avaient été amenées en vue de chasser le culammak. S’il eût été frappé sur place, on ne l’aurait jamais signalé à bord du bâtiment anglais, qui ne se montrait pas encore au large. Mais il avait fui dans la direction du nord-est, là où, deux heures après, allait apparaître le Repton. Aussi le capitaine King, bien que l’animal fût déjà poursuivi par les embarcations françaises, avait-il mis ses pirogues à la mer.

Toutefois, si les deux harpons avaient frappé simultanément celui de l’Anglais n’avait touché le culammak que dans la partie arrière du corps, à la naissance de la queue, tandis que celui de Ducrest avait atteint la nageoire de gauche, pénétré jusqu’au cœur et forcé le culammak à souffler rouge.

Du reste, en admettant qu’il fût juste de faire égale part entre les deux bâtiments, chacun d’eux n’aurait qu’à se féliciter de cette capture. Ni le Saint-Enoch ni le Repton n’avaient capturé pendant cette dernière saison un baleinoptère qui pût être comparé à celui-ci.

Il va de soi que, chez les Français comme chez les Anglais, personne n’entendait consentir à un partage. Sans doute, l’un des harpons avait fait une blessure telle que la mort s’en était suivie, — coup très heureux et très rare, — mais l’autre avait également atteint l’animal.

Il résulte de cette circonstance que, au moment où les hommes de M. Heurtaux prenaient