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Le 45 juin, après six mois d’absence, le colonel Everest et ses compagnons arrivaient à Quilmiane, l’une des principales villes situées sur la plus importante bouche du fleuve.

Le premier soin des Européens fut de demander au consul anglais des nouvelles de la guerre…

La guerre n’était pas terminée, et Sébastopol tenait toujours contre les armées anglo-françaises,

Cette nouvelle fut une déception pour ces Européens, si unis maintenant dans un même intérêt scientifique. Ils ne firent pourtant aucune réflexion, et se préparèrent à partir.

Un bâtiment de commerce autrichien, la Novara, était sur le point d’appareiller pour Suez. Les membres de la commission résolurent de prendre passage à son bord.

Le 18 juin, au moment de s’embarquer, le colonel Everest réunit ses collègues et, d’une voix calme, il leur parla en ces termes :

« Messieurs, depuis près de dix-huit mois que nous vivons ensemble, nous avons passé par bien des épreuves, mais nous avons accompli une œuvre qui aura l’approbation de l’Europe savante. J’ajouterai que de cette vie commune il doit résulter entre nous une inébranlable amitié. ».

Mathieu Strux s’inclina légèrement sans répondre.

« Cependant, reprit le colonel, et à notre grand regret, la guerre entre l’Angleterre et la Russie continue. On se bat devant Sébastopol, et jusqu’au moment où la ville sera tombée entre nos mains… »

— Elle n’y tombera pas ! dit Mathieu Strux, bien que la France.

— L’avenir nous l’apprendra, monsieur, répondit froidement le colonel. En tout cas, et jusqu’à la fin de cette guerre, je pense que nous devons nous considérer de nouveau comme ennemis…

— J’allais vous le proposer, » répondit simplement l’astronome de Poulkowa.

La situation était nettement dessinée, et ce fut dans ces conditions que les membres de la commission scientifique s’embarquèrent sur la Novara.

Quelques jours après ils arrivèrent à Suez, et, au moment de se séparer, William Emery disait en serrant la main à Michel Zorn :

« Toujours amis, Michel ?

— Oui, mon cher William, toujours et quand même ! »

Juzes Vernes.

(Reproduction et traduction interdites.)

RUSSES ET DE TROIS ANGLAIS.


LA JUSTICE DES CHOSES
LA FERME DES RAVENEL
SECONDE PARTIE

Après le diner, il suivit assez languissamment les enfants dans la prairie. Sur le chemin, se trouvait un couple d’oies avec leurs petits. Le mâle se mit à courir en sifflant après les enfants, et comme Édouard était en arrière, ce fut contre lui qu’il s’acharna. D’abord notre petit Parisien fit bonne contenance, mais comme il