MAGASIN PITTORESQUE. 112 MUSÉE DE 1833. TABLEAU DE M. A. HESSE. HONNEURS FUNEBRES RENDUS AU TITIEN. étude de coloris, par un dessin correct, par l'art avec le- quel les personnages sont groupés; on souhaiterait seule- ment plus d'inspiration et de chaleur dans la composition; et peut-être le personnage principal, le Titien, ne se déta- che pas d'une manière assez saillante de l'ensemble du ta- Le tableau dont nous donnons la gravure est un des plus bleau. Le sujet représente les honneurs funèbres rendus au remarquables de l'exposition : il se distingue par une beile | Titien, mort à Venise pendant la peste de 1576. Le convoi est PESTE DE VENISE. VIE DU TITIEN. 0 HARAMAGRANA GARNA YOU S SASK ANDREW. BEST. LELOIR. DARONDEAU. (Musée de 1833. Convoi du Titien, par M. Hesse.) F arrêté sur la place Saint-Marc, en face du palais ducal, qui, qu'à trois fois devant lui. En public, à la promenade, il lui est à gauche du tableau. On peut lire les détails sur ce monu- cédait toujours la droite; ses courtisans le lui reprochaient: ment et sur la place Saint-Marc dans notre 8 livraison. « Je puis bien créer un duc, disait-il, mais où trouverais- je un autre Titien? » Le peintre laissa un jour tomber son pinceau devant Charles-Quint, qui le ramassa en lui di- sant: « Vous méritez d'être servi par un empereur. » La peste de 1576 exerça les plus grands ravages à Venise, en partie à cause de l'ignorance de deux médecins, profes- seurs à Padoue, qui furent appelés pour en étudier les symp- tômes. S'étant trompés sur les apparences de la maladie, ils entrainèrent tout le monde dans l'erreur, et empêchèrent de prendre des mesures pour arrêter le fléau; en fort peu de temps Venise fut dévastée par la peste. Le Titien s'était réfug à Cadore afin d'échapper à la contagion; mais il fut atteint, et périt à l'âge de cent ans. Le sénat de Venise dé- rogea pour lui à un règlement très sévère qui commandait la destruction des cadavres pestiférés: il permit que le corps du Titien fült déposé, avec tous les honneurs religieux, dans l'église des Frazi. Les plus beaux tableaux du Titien sont en Espagne, presque ensevelis dans le palais de l'Escurial. Il a composé un grand nombre de sujets religieux et mythologiques; le tableau de Saint Pierre martyr passe généralement pour être son chef-d'oeuvre : ce tableau, enlevé par nos armes à l'Italie, est resté au Louvre jusqu'en 1815. Le Titien était doué d'une âme élevée; il avait des moeurs simples, et vi- vait beaucoup en famille. Il a travaillé jusqu'à ses derniers momens. Le Louvre possède, tant en tableaux qu'en portraits, vingt-deux ouvrages du Titien. On peut voir, au cabinet des estampes, plus de huit cents gravures d'après ses œu- vres. Le Titien est le plus grand peintre de l'école vénitienne; il est né à Piere di Cadore, en 1477. Il étudia sous plusieurs maltres, et s'en dégoûta promptement pour s'abandonner à son génie. Le Titien a peint une immense quantité de ta- bleaux, dont plusieurs ont été perdus. Son talent embarras- sait les genres les plus variés, le sacré, le profane, les su- jets mythologiques. Il se distingue par la science et l'har- monie de ses compositions; chez lui tout se tient; le plus petit détail a autant de valeur que l'ensemble. Ses figures sont animées et et expressives, et il savait rendre le sentiment dans les situations les plus différentes et dans les sujets les plus opposés. Le Titien est le premier coloriste des pein- tres italiens. Il a vécu dans le xvIe siècle, si agité et si rempli d'hommes originaux; il a fait les portraits d'un grand nombre d'illustrations de l'époque, de Charles-Quint, de François Ier, de Philippe II, de l'Arioste, de l'Arétin, de Bembo, de Lucrèce Borgia. Les empereurs, les rois, les princes réclamaient tous l'honneur de voir leurs traits re- produits par ce magique pinceau. Charles-Quint posa jus- Imprimerie de LACHEVARDIERB, rue du Colombier, nº 50. Les opinions les plus absurdes doivent leur origine à l'a- bas de quelques observations incontestables, et les erreurs les plus grossières sont le résultat de certaines vérités recon- nues, auxquelles on donne une extension forcée, ou dont on fait une mauvaise application. CABANIS. LES BUREAUX D'ABONNEMENT ET DE VENTE sont rue du Colombier, n 30, près de la rue des Petits-Augustina.
- STAN A