d’anges, elle était enlevée en extase pendant sept heures du jour, etc. »
On lit dans un poème composé au xvie siècle par Balthazar de la Burle, poète provençal, valet de chambre du cardinal de Bourbon :
« Revengut tou jour lous angis la portavon
Ben plus hault que lou roc.
…
Jamay, per mauvais temps que fessa, ni fredura,
Aultre abit non avia que la sion cabellura,
Que commo un mantel d’or, tant eram bels et blonds,
La coubria de la testa fin al bas des tallons, etc. »
« Au retour du jour, les anges l’enlevaient bien au-dessus du roc.…
Dans les plus mauvais temps et le froid le plus rigoureux, jamais elle ne portait d’autre vêtement que sa belle et blonde chevelure, qui la couvrait de la tête au bas des talons ainsi qu’un manteau d’or. »
LA SEMAINE.
CALENDRIER HISTORIQUE.
23 Février 1766. — Leczinski Stanislas Ier, roi de Pologne, né à Léopold, meurt à l’âge de quatre-vingt-neuf ans des suites d’une chute dans un feu de cheminée. Il avait été couronné roi en 1705 à Varsovie ; mais plus tard il fut obligé de fuir. Sa tête fut mise à prix par le général des Moscovites. Le traité de Paris de 1736 le mit en possession du duché de Lorraine et de Bar. Son règne en Lorraine a laissé de beaux souvenirs sur son caractère.
Par ses soins, un grand nombre d’établissemens de bienfaisance, d’arts, d’éducation, d’industrie, furent fondés. C’est à lui que les villes de Nancy et de Lunéville doivent une partie de leurs édifices. Plusieurs ouvrages de Stanislas sur des sujets de politique et de morale ont été imprimés sons ce titre : Œuvres du philosophe bienfaisant.
24 Février 1495. — Pic de la Mirandole meurt à l’âge de trente-deux ans. Il savait à dix-huit ans vingt-deux langues, et à vingt-quatre ans il fit afficher à Rome et soutint publiquement une thèse qui comprenait quatorze cents propositions sur tous les objets des sciences.
Il était prince souverain de la Mirandole, en Italie, et il renonça à sa souveraineté en faveur de son neveu.
25 Février 1799. — L’armée d’Orient, commandée par les généraux Kléber et Lannes, après avoir parcouru soixante lieues d’un désert aride et brûlant, arrive aux terres fertiles qui précèdent la Palestine, s’empare en peu d’instans de Gazah, ancienne capitale des Philistins, et jette l’épouvante dans des troupes innombrables d’ennemis, qui prennent aussitôt la fuite.
26 Février 1764 — Mort d’Édouard de Corsembleu Desmahis, poète français, auteur de la comédie intitulée l’Impertinent. Ses vers sont assez harmonieux et faciles, et ses pensées prouvent un cœur honnête. Il a dit : « Lorsque mon ami rit, c’est à lui à m’apprendre le sujet de sa joie. Pleure-t-il, c’est à moi de découvrir les causes de son chagrin. »
27 Février 1594. — Henri IV est sacré roi de France, non pas à Reims, qui tenait encore pour la ligue, mais à Chartres ; non pas avec la sainte ampoule de saint Rémi, mais avec celle de saint Martin, qu’on fit venir de Noirmoutiers. On sait que Henri IV dit à l’occasion de sa conversion au catholicisme : « La France vaut bien une messe. »
28 Février 613. — Supplice de la reine Brunenaut ou Brunichilde, épouse de Sigebert Ier, roi d’Austrasie, et mère de Childebert II. Clotaire l’accusa, dans une assemblée de Français, de crimes infâmes, et d’avoir fait mourir dix rois. Plusieurs histoires présentent ces accusations comme entièrement fausses, et proclament la vertu et l’innocence de Brunehaut. Sa mort fut terrible : après l’avoir torturée pendant trois jours et l’avoir promenée au milieu des soldats sur un chameau, on l’attacha aux crins d’un cheval sauvage qui l’entraîna à travers les cailloux et les ronces. Les lambeaux de son corps furent ensuite rassemblés et réduits en cendres.
1er Mars 1795. — Situation militaire de la France. Huit armées sont sur le pied de guerre : armée du Nord, géneral Moreau ; de Sambre-et-Meuse, Jourdan ; de Rhin-et-Moselle, Pichegru ; des Alpes et d’Italie, Kellermann ; des Pyrénées Orientales, Schérer ; des Pyrénées Occidentales, Moncey ; des Côtes de l’Ouest, Canclaux ; des Côtes de Brest et de Cherbourg, Hoche.
1er Mars 1796. — Bourse de Paris. Le louis d’or coûte sept mille deux cents francs en assignats.
1er Mars 1815. — Napoléon sort de l’Île d’Elbe, et, suivi de neufs cents hommes, ses anciens soldats, débarque au golfe de Jouan près Cannes (Var).
UN AMATEUR DE POINTS DE VUE.
Pendant mon séjour à Bevergen, un soir, me promenant dans un bois voisin de la ville, j’aperçus un groupe de paysans occupés à abattre un taillis et à scier des troncs d’arbres. Je ne sais pourquoi je m’avisai de leur demander si c’était qu’on voulait percer une nouvelle route en cet endroit. Après s’être regardés les uns les autres en riant, ils m’engagèrent à continuer mon chemin et à répéter ma question à un monsieur que je verrais debout sur une petite élévation en face de la forêt. En effet, je rencontrai quelques instans après un petit vieillard, d’une figure pâle, en redingote boutonnée, ayant sur la tête un bonnet de voyage, et une sorte de carnassière sur le dos. Il était armé d’une longue vue qu’il dirigeait fixement vers le lieu où j’avais laissé les paysans. En m’entendant approcher, il repoussa les tuyaux de sa lunette et me dit vivement : « Vous venez de la forêt, monsieur : où en est le travail ? » Je racontai ce que j’avais vu. « C’est bien dit-il, c’est bien. Depuis trois heures du matin (il pouvait être alors environ six heures du soir), je suis ici de faction, et je commençais à craindre que la lenteur de ces imbéciles, quoique je les paye assez cher, ne fît tout manquer. Mais j’espère maintenant que, grâce à Dieu, la perspective s’ouvrira à l’instant favorable. »
Alors, il alongea de nouveau sa longue rue, et la tourna vers la forêt avec une attention extrême.
Quelques minutes après, une étendue considérable du bois tomba tout-à-coup, et une perspective s’étant ouverte comme par enchantement, je découvris au loin un admirable amphithéâtre de montagnes, et au milieu les ruines d’un vieux château, vivement éclairées par les dernières lueurs du soleil couchant. C’était vraiment un magnifique spectacle.
Le petit vieillard demeura environ un quart d’heure en contemplation à la même place, exprimant son ravissement par quelques cris bizarres et par des trépignemens. Quand le soleil eut tout-à-fait disparu, il replia de nouveau sa lunette, l’enfonça dans sa carnassière, et, sans me saluer, sans m’adresser une seule parole, sans paraître songer le moins du monde à moi il s’enfuit à toutes jambes.