sur les côtes du Brésil et mise en pièces. Ses débris, hachés
et dispersés, roulés pendant la tourmente avec les quartiers
des rochers et le sable, furent ensevelis à plus de trente
pieds de profondeur. Une compagnie se forma, et, par le
moyen de la cloche à plongeur, parvint à retirer de cet amas
confus une grande partie de la somme perdue.
(La Cloche à Plongeur.)
En donnant un peu l’essor à ses pensées, et en essayant
de pressentir tout le parti que l’homme pourra tirer de cette
ingénieuse machine, on bâtirait facilement un conte de fées
qui ne sortirait pas des domaines de la réalité. Nous nous
en reposons sur l’imagination de nos lecteurs et de nos lectrices,
et nous nous bornerons à donner une description succincte
de la cloche à plongeur perfectionnée par l’Anglais
Spalding.
Une expérience bien simple, et que chacun peut répéter, fera de suite comprendre le principe d’après lequel la cloche à plonger est organisée. Prenez un verre dont l’intérieur soit sec, plongez le dans l’eau bien perpendiculairement, et retirez-le de même, sans l’incliner le moins du monde : vous pourrez vous assurer que les parois intérieures n’ont été mouillées qu’à une certaine distance des bords du verre, l’eau n’a point pénétré dans toute la cavité ; une mouche qui aurait été fixée dans le fond aurait pu demeurer impunément submergée. Maintenant, agrandissez le verre, escamotez la mouche, et mettez des hommes en place : vous avez la cloche à plongeur. L’air, qui occupe un espace plus petit à mesure que la cloche s’enfonce, finit par acquérir une élasticité assez forte pour empêcher l’eau de pénétrer davantage. Il est vrai de dire que cet air condensé cause une sensation assez désagréable aux personnes qui ne sont pas encore habituées à ces promenades sous-marines, et leur fait éprouver des tintemens dans les oreilles ; mais au bout d’un peu de temps on s’y habitue ; il y a des ouvriers qui peuvent y rester plusieurs heures à une assez grande profondeur. Quant aux accidens, ils sont si rares, que leur nombre ne s’écarte pas des limites ordinaires entre lesquelles tout fait humain se trouve compris. La crainte ne doit arrêter aucun curieux.
Notre gravure représente la cloche à plongeur employée en Angleterre. ABCD indiquent le corps de la cloche suspendue par quatre cordages aa, qui viennent se réunir dans le crochet du câble principal E ; bb sont deux poids destinés à maintenir l’embouchure CD de la cloche parallèle à la surface de l’eau. Pour déterminer l’enfoncement de la machine, il y a un autre poids F, que l’on peut, à l’aide d’une poulie, faire monter ou descendre à volonté, et qui a plusieurs usages. Si un des côtés de la cloche se trouvait, en descendant, retenu par quelque obstacle, de façon à faire renverser tout l’appareil, le poids F serait immédiatement descendu au fond de l’eau, et reposerait sur le sol ; l’appareil, redevenant plus léger que le volume de l’eau déplacée, s’élèverait et reprendrait sa stabilité. On comprend facile-