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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

abandonné définitivement tant que nous ne sommes pas assurés qu’il n’y a décidément pas de statue de la Vierge aux alentours. Quant aux vieilles maisons, je crois que Lyon en possède quelques-unes de fort curieuses.

— Prends ton guide, prends ton guide, mon vieux !

« Maisons curieuses : fenêtres sculptées… maison Henri IV… »

— Laisse-moi voir s’il n’y a pas autre chose… Voyons… la crypte… l’église supérieure… l’abside… chapelle des bas côtés…

— On ne parle pas de statue de la Vierge autre que celle du clocher de la vieille basilique ; donc il faut réserver le point 3… « Le panorama offre par un temps clair une vue inoubliable. » Ah ! Ceci paraît être intéressant pour le point 4.

— On ne dit pas que les vieilles maisons ont des toits pointus et des portes en arcades.

— Ce serait à voir. Je pense que nous classerons Lyon sous la rubrique : À revoir, ou À compléter. Certains points ne sont pas assez précisés encore.

— Parfait ! » s’écria Charles.

Le mercredi suivant dans l’après-midi, pendant la classe d’histoire, Arthur fit passer à Charles le petit billet suivant :

« J’ai trouvé une autre statue de Vierge. Mais, chut ! »

Charles prit le bout de papier et le serra dans son portefeuille. Comme Arthur prenait le concours à cœur ! Il en était extrêmement touché et il cherchait par quel moyen il pourrait montrer sa reconnaissance à son ami. En attendant, une constatation le réjouissait : son camarade devenait plus ordonné. La veille, il avait rencontré Place d’Armes M. Treillard, qui lui avait déclaré : « Mon fils me stupéfie. Tout ce qui a rapport au concours est rangé par lui avec un soin extraordinaire. Il ne permet à personne de toucher aux livres, cartes, plans, qui servent à vos recherches. Il collectionne les numéros du Coq gaulois, et le soir je le vois en découper et coller les articles avec une minutie et une propreté qui me surprennent. Si ce progrès vers l’ordre pouvait s’étendre à toutes ses actions ! »

À la sortie, Charles demanda à son ami de lui dire en quel endroit se trouvait la statue dont il parlait dans son mystérieux petit billet. Mais Arthur, amusé par cette vive curiosité, se montra taquin par jeu.


charles et arthur étaient penchés sur un guide.

« Non, dit-il, je ne te le dirai pas ce soir comme cela, en hâte. Demain, jeudi, nous aurons tout le temps voulu pour examiner ma suggestion. »

Durant l’après-midi du lendemain, chaude et orageuse, c’était au tour d’Arthur de manifester de l’impatience. Dans la demeure paternelle, du haut de l’escalier, il guettait l’arrivée de Charles. Enfin celui-ci parut.

« Allons, cloporte, arrive donc ! C’est la chaleur qui te rend lambin ?…

— J’avais un devoir à terminer. Tu sais que lorsque je suis ici, je ne me décide pas facilement à partir ; alors, pour être tranquille, je fais mes devoirs avant de venir.

— Homme raisonnable ! homme raisonnable ! je t’admire.

— Eh bien ! Cette statue ?