dévouée, mais médiocrement intelligente et dont les bévues étaient un sujet de gaîté pour Élisabeth et Mme Saint-Paul à qui la fillette venait les raconter.
Mais dès qu’elle eut quelques minutes libres, elle courut chez Mme Saint-Paul afin de lire avec elle, et plus attentivement, la lettre qui était ainsi conçue :
« Je commence à m’arracher les
cheveux ! Nous voici au commencement
de juillet et je ne sais encore où
je vais diriger mes pas. Nous serons en
vacances le 17 juillet. Arthur, dans son
ardeur, ne parlait-il pas de prendre un
train à midi dès la sortie
du lycée ? Mais encore
faudrait-il savoir où ce
train nous conduirait.
Tu dois te dire que je suis
lent dans mes recherches,
mais je te ferai remarquer
qu’afin de ne pas
nuire à mes études, je
ne pense guère au concours
que le jeudi et le
dimanche… »
— Ça, il exagère, dit Mme Saint-Paul en souriant ; je suis sûre, moi, qu’il y pense sans cesse.
— Moi aussi. Il veut dire qu’il ne « travaille » au concours que le jeudi et le dimanche.
— Oui, continue.
— … « Tu sais que Louis ne plaisante pas sur mon travail : alors il a fallu piocher ferme. En juin, ç’a été les dernières compositions.
« À propos, voici où j’en suis de mes recherches pour le concours : j’ai écarté Notre-Dame de la Salette, dans l’Isère, Puis j’ai examiné Notre-Dame de Fourvière.
« Évidemment, là, certaines données concordent avec celles du concours, mais nulle part on ne parle de statue de la Vierge sur un rocher. La statue de Notre-Dame est sur le sommet de l’ancienne basilique, à moins qu’il y en ait une autre ; bref, j’ai réservé Fourvière.
« J’ai un camarade, au lycée, dont la grand’mère demeure aux environs de Lyon ; mais il est un peu étourdi, dans le genre d’Arthur. Lorsque je lui ai posé la question : Y a-t-il à Notre-Dame de Fourvière une Vierge sur un rocher ? il m’a regardé d’un air ébahi : « Je ne sais pas, m’a-t-il répondu, je n’ai jamais regardé attentivement.… Lorsque je vais à Fourvière avec ma grand’mère, ce qui m’intéresse surtout, est la montée par le funiculaire de la gare Saint-Paul et le goûter que nous allons prendre chez un pâtissier, proche de la basilique, et dont les choux à la crème sont vraiment exquis. »
« Voilà l’état d’esprit de mon camarade. Il me semble que, moi, si j’étais allé à Fourvière, je connaîtrais à fond l’endroit. Et toi, si je te demande comment est la Vierge du Puy, que me répondras-tu ?
élisabeth lisait à mme saint-paul la lettre de charles.
« Il y a Notre-Dame de la Garde à Marseille. La statue dorée de la Vierge ne se dresse pas sur un rocher mais au sommet du clocher. Il est vrai que la basilique elle-même est élevée sur une colline rocheuse abrupte et dénudée…
« Mais, si M. Toupie l’avait eue en vue, je pense qu’il aurait mis : près de la mer. À moins qu’il ait voulu égarer les chercheurs. C’est bien possible… Y a-t-il de très vieilles maisons à Marseille ? Bah !… Réservons Notre-Dame de la Garde.
« Jeudi prochain, je m’acharne sur la Bretagne… Mais, ma pauvre Élisabeth, je crois que je deviens monotone et assommant avec mon concours. Excuse-moi… je désirerais tant trou-