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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/64

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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

— Moi, je n’ai rien vu, » répondit Arthur, en s’essuyant la figure avec son mouchoir.

Ils avaient fini par mettre pied à terre et marchaient à côté de leur bicyclette, car la montée continuelle leur était pénible. Enfin, à un tournant de la route, alors qu’apparaissait à leurs yeux le clocher de l’église de Saint-Savin, ils aperçurent l’automobile jaune arrêtée contre une borne qu’elle avait heurtée ; une roue était disloquée.

« Çà, ce n’est pas volé ! murmura Arthur en apercevant les voyageurs groupés devant leur voiture.

— Nous allons leur offrir notre aide, n’est-ce pas ? proposa Charles.

— Si tu veux, mais pourrons-nous leur être utiles ? »

À ce moment, une autre automobile qui descendait de Saint-Savin s’arrêta, et le chauffeur, qui était seul dans la voiture, demanda si les voyageurs avaient besoin de ses services.

« Ma foi, s’écria un grand jeune homme, vêtu d’un cache-poussière, la tête coiffée d’une casquette et les yeux cachés par de grosses lunettes, ce n’est pas de refus. Si vous pouviez me remorquer jusqu’à Saint-Savin, ça m’irait bien. Je vais consolider ma roue. »

Les deux amis arrivaient sur les lieux de l’accident comme l’automobiliste achevait de prononcer cette dernière phrase ; Charles s’avança et dit en portant la main à sa casquette :

« Si nous pouvons vous être utiles, nous sommes à votre disposition.

— Je vous remercie infiniment ; nous allons essayer de continuer notre route en nous faisant remorquer. »

Alors Charles et Arthur reprirent leur grimpée, non sans avoir jeté un coup d’œil sur les deux voyageuses, dont l’une disparaissait dans le fond de la voiture, enveloppée de voiles de gaze. On ne pouvait distinguer sa physionomie. Quant à l’autre, qui avait sauté à terre,… c’était notre amie Colette. Les cheveux ébouriffés par la course, les bras nus au-dessus de ses gants tannés, l’air furieux, les yeux étincelants de colère, elle regarda les jeunes bicyclistes d’un air plein de dédain et se détourna pour surveiller la manière dont son frère s’y prenait pour réparer la roue.

« Elle n’a pas l’air commode, la petite demoiselle ! » dit Arthur en riant.

Quelques instants après, l’automobile sauveteuse, qui remorquait celle des Dambert à l’aide d’une corde, passa près d’eux.

« Ils n’arriveront pas en haut ! » s’écria Charles.

Il n’avait pas fini de parler que la corde qui reliait les deux voitures se rompit. L’automobile jaune fit une embardée et alla se jeter contre le petit parapet qui bordait la route.

Un cri s’éleva, poussé par la voyageuse si abondamment voilée, qui se crut à sa dernière heure. Frayeur bien exagérée, car le parapet arrêta l’automobile. Mais la roue déjà endommagée était désormais hors de service.


un chauffeur remorqua la voiture endommagée.

« Pour le coup, nous ne pouvons aller plus loin, s’écria Paul Dambert, et je n’hésite pas à vous demander votre aide, » ajouta-t-il en s’adressant à Charles et à Arthur qui s’étaient précipités au secours des voyageuses.

« Paul, Paul, s’écria Colette, Mlle Marvin est évanouie ! »

Paul se précipita, tandis que Colette ouvrait son nécessaire et en tirait un flacon de sels. On eut toutes les peines à dégager de ses voiles la pauvre institutrice, tant ils étaient serrés autour de son cou. Colette avec des mouvements brusques, les déchirait, embrouil-