Le déjeuner fut joyeux. Colette observait avec une réelle surprise Élisabeth qui remplissait les devoirs de maîtresse de maison comme une grande personne. Mais son étonnement fut à son comble quand Charles demanda qui avait confectionné l’excellent entremets que l’on servit.
« C’est Élisabeth, dit M. Tourneur.
— Oh ! mademoiselle, quelle perfection vous faites ! s’exclama Paul.
— Comment trouvez-vous le temps de faire d’aussi bon gâteau ? questionna à son tour Charles, car je pense bien que vous allez en pension ?
— Oh ! oui » s’écria Élisabeth.
Mais cette agréable causerie ne faisait rien oublier à Arthur qui suivait son idée ; tout à coup il s’écria :
« Ah ! çà, ne perdons pas de vue le but de notre voyage : le grand concours de M. Toupie ! Il me semble que… »
À ces mots de « concours de M. Toupie » prononcés par Arthur, les regards de tous les convives se dirigèrent vers celui-ci.
« Je me demande, reprit-il, pourquoi nous ne sommes pas venus immédiatement ici, au Puy, car…
— Mais nous ne nous serions pas rencontrés, interrompit Colette. Par conséquent, il n’y a rien à regretter.
— Expliquez-vous, demanda Paul qui finissait par s’intéresser au concours.
— Voilà. L’énoncé du concours dit, point 3 : « Non loin d’une statue de la Vierge élevée sur une roche ». Eh bien ! la statue de Notre-Dame de France s’élève sur le rocher Corneille. Point 5 : « En face d’une église ancienne de pur style »… Or, nous avons ici la cathédrale Notre-Dame, de style roman. D’autre part, j’ai aperçu de vieilles maisons à arcades. Ceci concerne le point 8.
— C’est vrai !… répondirent plusieurs voix.
— Oui, dit Charles en exhibant le programme du concours qu’il portait toujours sur lui ; mais où vois-tu le lac du point 4 et le château en ruines du point 7 ?
— Qui te dit qu’ils n’existent pas ? » riposta Arthur.
M. Tourneur demanda le fameux programme et se mit à le lire attentivement.
« Ma foi, dit-il en le rendant à Charles, moi qui connais assez bien la ville et ses alentours immédiats, je ne vois pas, en effet… Le point 7 fait allusion à une rivière. Ici, coulent la Borme et le Dolézon. Mais le lac ? et le château en ruines à cinq cents mètres ?…
— À mon avis, dit Paul, il faudrait explorer avec soin les environs.
— Mais, dit tout à coup Élisabeth, vous cherchez un château en ruines… Il y a celui de Polignac qui se trouve à quatre kilomètres et demi d’ici. Si ce renseignement peut vous être utile… »
Arthur, qui pressait tout le monde d’agir, proposa que Paul, Charles et lui se rendissent chacun dans une direction différente, afin d’activer les recherches. Charles fit une objection ! Il désirait vivement ne pas laisser aller Arthur seul.
« Oh ! sois tranquille… Je te promets de revenir tous les soirs dîner au Puy.
— Hum ! hum ! » s’écria Charles d’un air de doute.
M. Tourneur prit la parole.
« Moi, je conseille à Charles et à Arthur d’aller ensemble. De son côté. M. Dambert sera…
— … Accompagné de sa petite sœur, acheva Paul. Mais tu me sembles bien silencieuse, continua-t-il en regardant Colette avec quelque étonnement. Toi qui étais si turbulente, si agitée, si pres-