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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

appelé Gaston et lui avait glissé quelques mots à l’oreille.

« Quand tout fut prêt, je m’adressai à Procope : « Monsieur, vous voyez, je rends le bien pour le mal. Je veillerai sur votre élève et sur votre bicyclette, car elle va me servir pour rentrer au Puy. Monsieur, continuai-je en m’adressant à l’automobiliste, vous voudrez bien déposer la mienne à l’Hôtel de France, où je demeure. »

« L’automobiliste secoua la tête affirmativement et fila. Aussitôt, je montai sur la machine de Procope et Gaston sur la sienne.

— Que tout cela est émouvant ! dit Élisabeth.

— Attendez. Vous comprenez que je n’avais nulle envie d’ouvrir la bouche. À quoi bon parler à un garçon à qui on a recommandé de se taire ? Mais Gaston, lui, avait le désir de parler. Au bout de quelques instants, tout à coup, il me dit :

« — Vous êtes un brave type.

« — Eh oui !… pas mal ! n’est-ce pas ?

« — Ce n’est pas le genre de M. Procope !… »

« Je continue à garder un prudent silence.

« — Je voudrais bien vous confier un secret.

« — Oh ! vous savez, moi, je ne tiens pas à le recevoir… C’est ennuyeux à garder, les secrets…

« — Ça m’étouffe… et puis, vous pourrez peut-être faire quelque chose pour nous… Nous sommes si malheureux !…

« — Alors, parlez.

« — D’abord, je vais vous dire où se trouve le trésor de M. Toupie !

« — Non ! non ! Taisez-vous !

« — Vous ne voulez pas ? C’est dommage, dit Gaston tristement… Eh bien ! je vous confierai un autre secret… Vous me promettez de ne pas le dire à M. Procope ?

« — Je le promets… »

« Gaston se pencha vers moi.

« — D’abord nous sommes, Doudou et moi, les neveux de M. Procope… Ensuite, il ne veut pas qu’on trouve le trésor de M. Toupie, car il veut, lui, avoir tout l’argent de M. Toupie… Vous comprenez ?

« — Mon Dieu ! dis-je, prodigieusement étonné… à peu près. Il y a quelques obscurités. Quel lien existe entre votre oncle Procope et M. Toupie ?


c’était jour de marché.

« — M. Toupie l’avait presque adopté lorsqu’il était jeune, en souvenir de notre père qui était bon, lui, et qui était l’ami de M. Toupie… Papa est mort… Mais l’oncle Procope a une mauvaise habitude, c’est de rendre toujours le mal pour le bien… Donc, l’oncle Procope nous a pris avec lui. M. Toupie lui donnait de l’argent pour nous, mais notre oncle le dépensait en vêtements, en dîners, et quand il n’en avait plus, il en redemandait à M. Toupie en disant que c’était pour nous. Cela a duré jusqu’au jour où M. Toupie ne voulut plus entendre parler de lui. Toutefois, M. Toupie continuait à venir nous voir quand il savait que l’oncle était absent.

« — Que fait-il, votre oncle ?

« — Rien… Un matin, parut dans un journal l’annonce du concours. L’oncle Procope fut saisi d’une rage folle ; il ne voulait pas que quelqu’un trouvât le trésor. C’est alors qu’il se mit lui-même