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les troupes étaient épuisées et affaiblies par de longues marches, se hâta de battre en retraite. Par une manœuvre habile, il échappa aux Français, et prit position à Crécy, près d’Abbeville, sur le penchant d’une colline qui a voisine la Somme.

190. bataille de crécy. — C’est là que s’engagea le 26 août 1346 la désastreuse bataille qui porte le nom de Crécy. Philippe avait sous ses ordres presque autant de rois et de princes souverains que de chefs et de capitaines. Ses troupes étaient composées en grande partie de chevaliers. Dans son orgueil de gentilhomme, il avait refusé le secours des milices communales, et n’avait pas d’autre infanterie qu’un corps d’archers génois. L’armée anglaise, au contraire, inférieure en nombre de moitié à l’armée française, n’était composée que d’infanterie ; elle avait en outre des canons, dont on fit usage alors pour la première fois en Europe. La noblesse ne voulut suivre dans cette journée aucun ordre, aucun commandement. Les archers génois ayant objecté que les cordes de leurs arcs étaient détrempées par la pluie, et qu’ils ne pouvaient faire usage de ces armes, on leur passa sur le corps pour arriver à l’ennemi. Les Anglais eurent bon marché de ces bandes indisciplinées de brillants seigneurs ; trente mille hommes furent tués ou faits prisonniers. Parmi les morts se trouvaient les ducs de Bourgogne, de Lorraine et d’Alençon, les comtes de Savoie, de Flandre et de Nevers, et le valeureux roi de Bohème, Jean de Luxembourg, qui, étant aveugle, s’était fait conduire au premier rang et y avait vendu chèrement sa vie. Du côté des Anglais, le prince de Galles, plus connu dans l’histoire sous le nom de Prince Noir, à cause de la couleur de son armure, fit des prodiges de valeur, quoiqu’il ne fût âgé que de quinze ans. Philippe, après s’être bien battu, fut entraîné loin du champ de bataille par le comte de Hainaut, et alla demander un asile au château de Broye, lorsque la nuit était déjà close. Comme le châtelain hésitait à le recevoir à cette heure avancée : « Ouvrez, dit-il, c’est l’infortuné roi de France. »