pondit fièrement qu’il ne viendrait que le bacinel (casque) en tête, avec dix mille hommes en sa compagnie. Charles fit prononcer la confiscation de la Guienne, et envoya déclarer la guerre au vieux roi d’Angleterre. Il avait compris que la valeur inconsidérée de notre chevalerie avait presque seule causé les malheurs de Grécy et de Poitiers : il avait donc résolu d’éviter désormais les grandes batailles. Ses gens avaient ordre de harceler l’ennemi par de continuelles escarmouches, et de dévaster le pays sur son passage afin de l’affamer. Par ce nouveau système de guerre, le roi, sans sortir de son palais, parvint à reconquérir ce que ses prédécesseurs avaient perdu par d’imprudentes batailles.
205. duguesclin connétable. — La guerre se fit tout d’abord au nord et au sud en même temps. Le prince Noir était dans le midi ; Robert Knolles descendit au nord avec une immense armée. On le laissa s’avancer à travers un pays déjà ruiné, dans lequel, ne trouvant ni villes ni châteaux fortifiés, il ne put brûler qu’un petit nombre de mauvais villages. « Vous n’avez que faire d’employer vos gens contre ces enragés, disait Clisson au roi ; ils ne vous mettront pas hors de votre héritage avec toutes ces fumières (incendies). » Duguesclin, que le roi venait de créer connétable, suivit seulement l’armée anglaise d’assez près, pour l’inquiéter sans cesse et l’affaiblir par de petits combats. La famine et les maladies achevèrent son œuvre ; et bientôt cette armée, qui venait de traverser une partie de la France, se trouvant réduite à un petit nombre de soldats mal armés, se dispersa presque sans avoir pu combattre. Duguesclin prit l’Aunis, la Saintonge et le Poitou, pendant qu’une flotte castillane, venue au secours de la France, battait les Anglais sur mer à la hauteur de la Rochelle. Le prince Noir, atteint d’une maladie de langueur, était hors d’état de tenir tête au connétable ; bientôt même il fut obligé de retourner à Londres, où il mourut un an avant son père (1376).