Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/136

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qui l’avait vaincu, craignait surtout sa vengeance. Louis XII le fit venir et lui dit : « Le roi de France ne venge pas les injures du duc d’Orléans. » Le Parlement de Paris, qui avait soutenu la régente, n’était pas lui-même sans inquiétude. Les craintes redoublèrent, quand le roi, s’étant fait apporter la liste des magistrats, marqua certains noms d’une croix. Mais l’inquiétude ne fut pas de longue durée : « En mettant à côté de leurs noms, dit le roi, le signe sacré de notre salut, n’ai-je point annoncé le pardon ? » En même temps qu’il oubliait les injures, Louis XII récompensait les services : il fit donner l’archevêché de Rouen, puis le cardinalat à Georges d’Amboise, qui lui était toujours resté fidèle, et le choisit pour son premier ministre.

252. expédition du milanais, 1500. — Louis reprit les projets de Charles VIII ; mais avant de les mettre à exécution, il voulut assurer la réunion de la Bretagne à la couronne, et il épousa la veuve du feu roi. Ce mariage politique ne put s’accomplir qu’au prix d’un divorce ; Louis XII se sépara de sa première femme, Jeanne de France, nièce de Louis XI. Alors seulement il songea à passer les Alpes. Outre les prétentions que lui avait laissées son prédécesseur sur le royaume de Naples, il réclamait lui-même le Milanais, comme petit-fils de Valentine Visconti, dont la famille avait possédé ce duché. Après avoir renouvelé les traités qui avaient été conclus précédemment avec les puissances voisines, il descendit en Italie, et, grâce à l’appui des Vénitiens et du pape, il conquit le Milanais en vingt jours. Mais les mêmes fautes qui avaient fait perdre le royaume de Naples à Charles VIII causèrent la perte du Milanais. Le gouverneur français Trivulce ne craignit pas d’insulter la nation vaincue et de l’accabler d’impôts. Les Milanais se soulevèrent. Leur ancien duc reparut avec un corps de Suisses, et rentra dans sa capitale, aux acclamations de ce même peuple qui naguère l’avait chassé. Louis XII dut faire une seconde fois la conquête du Milanais. Le duc, trahi par les Suisses qu’il avait à sa solde, lui fut