Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/170

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était mourante. « Le roi de Paris n’est plus, lui dit-il ; je suis roi désormais. » II oubliait que sa conduite équivoque et cauteleuse, que ses concessions aux huguenots lui avaient depuis longtemps aliéné tous les cœurs, alors même que l’assassinat des Guises n’exciterait pas une réprobation unanime. Le peuple prit le deuil ; les Seize déclarèrent le trône vacant, mirent à la tête de la Ligue le duc de Mayenne, frère du Balafré, emprisonnèrent à la Bastille la moitié du Parlement, qui s’obstinait à demeurer fidèle au roi, et firent publier que le meurtre du tyran (ils désignaient ainsi Henri III) était licite et agréable à Dieu. Henri III comprit alors qu’il devait se rapprocher du Béarnais, dont la cause était désormais la sienne ; il se réconcilia avec lui, et tous deux marchèrent sur Paris révolté. Déjà ils occupaient les hauteurs de Saiut-Cloud, et la ville allait être forcée de se rendre, lorsqu’un fanatique, nommé Jacques Clément, égaré par les folles maximes et par les monstruosités qui se débitaient chaque jour à Paris, s’introduisit auprès du roi, et le frappa d’un coup de couteau dans le ventre, pendant qu’il lui faisait lire un message qu’il lui avait apporté. Henri III expira le lendemain, dans les bras du Béarnais, après l’avoir reconnu pour son successeur, et avoir engagé ses officiers à embrasser sa cause.

313. batailles d’arques et d’ivry. — Henri de Navarre, que nous appellerons désormais Henri IV, avait à conquérir le trône auquel l’appelait sa naissance, mais d’où l’écartait sa religion. Paris, dominé par les Seize, venait de proclamer roi, sous le nom de Charles X, le vieux cardinal de Bourbon, et refusait obstinément d’ouvrir ses portes. Le Béarnais, abandonné en même temps par une grande partie des seigneurs catholiques qui composaient l’armée de Henri III, fut obligé de lever le siège de la capitale, et de se replier vers la Normandie, pour attendre les secours de sa fidèle alliée la reine d’Angleterre. Mayenne, gouverneur de Paris et lieutenant général du royaume, alla l’attaquer à Arques, près de Dieppe, avec une armée dix fois plus nombreuse,