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fils, en Espagne. Les alliés exigèrent qu’il détrônât lui-même Philippe V. Le vieux roi, plutôt que de se soumettre à ce déshonneur, flt un appel à la France : c’était, disait-il, le dernier sacrifice qu’il lui demandait, la dernière armée qu il devait lever ; si elle était vaincue, il irait, malgré ses soixante-et-onze ans, se mettre lui-même à la tête de sa noblesse, et mourir à la frontière. La nation n’abandonna pas son roi. Cent mille hommes furent confiés à Villars ; mais il perdit contre Eugène et Marlborough la sanglante bataille de Malplaquet (1709), défaite glorieuse pourtant, puisque les ennemis ne gagnèrent que le champ de bataille, et y laissèrent 20, 000 morts ; les Français n’en avaient perdu que 8, 000. Au moment où tout semblait perdu, Vendôme affermit la couronne sur la tête de Philippe V par la victoire de Villaviciosa (1710). L’année suivante, la mort de l’empereur Léopold Ier, et l’avènement au trône impérial de l’archiduc Charles, son frère, changèrent la face des choses. Continuer la guerre pour donner l’Espagne au nouvel empereur, c’était réaliser les rêves ambitieux de la maison d’Autriche. L’Angleterre ne pouvait s’associer à une telle pensée, ni combattre pour de tels intérêts. Une révolution ministérielle, qui fit passer le pouvoir des tories aux whigs, el la disgrâce de Marlborough survenue dans ces circonstances, eurent pour conséquence le rappel des troupes anglaises, et l’ouverture de conférences nouvelles pour la paix. Villars en hâta la conclusion en triomphant du prince Eugène à la célèbre journée de Denain (1712). La paix fut signée à Utrecht (1713) avec l’Angleterre et la Hollande, à Bastadt (1714) avec l’empereur, à Bade la même année avec l’empire. Philippe V fut reconnu pour roi d’Espagne ; mais il dut renoncer à tout droit éventuel sur la couronne de France, et céder Gibraltar et Minorque à l’Angleterre, le royaume de Naples, la Sardaigne, le Milanais, Mantoue et les Pays-Bas à l’empereur. Un 9e électorat fut créé en faveur de la maison du Hanovre. Le duc de Savoie obtint la Sicile, avec le titre de roi : c’était l’accomplisse-