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Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/207

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dernières volontés du monarque absolu qui avait gouverné la France pendant 72 ans ne furent pas plus respectées que ne l’avaient été celles de ses deux prédécesseurs. Pendant que le corps de Louis XIV était conduit aux caveaux de Saint-Denis, le Parlement cassa son testament, sur la demande de Philippe duc d’Orléans, et investit ce prince de la régence. Après le long silence auquel l’avait condamnée le despotisme du feu roi, cette assemblée profitait d’une nouvelle minorité pour faire un nouvel acte de souveraineté politique.

372. Corruption des mœurs. — Le Régent était spirituel, généreux, d’une physionomie ouverte ; il avait, nous dit son confident et ami le duc de Saint-Simon, la faiblesse de croire qu’il ressemblait en tout à son bisaïeul Henri IV, et « de l’affecter dans ses façons, dans ses reparties, jusque dans sa taille et la forme de son visage. » Mais son cœur avait été corrompu dès l’enfance par son précepteur Dubois, l’un des hommes les plus pervers de l’époque, qui fit de son élève un incrédule et un débauché, et que le duc d’Orléans eut le tort de prendre pour premier ministre. Aussi la cour du Régent devint-elle, comme le fut plus tard la cour du roi lui-même, le rendez-vous de tous les vices et de tous les désordres. La noblesse, rappelée au pouvoir d’où l’avait exclue Louis XIV, n’en profita que pour se livrer effrontément au plaisir, sans souci de sa dignité ni de l’opinion publique, qui commençait a se former en France ; elle joua avec la honte, au point d’accepter, de rechercher même ce nom de roués, par lequel le Régent désignait ses compagnons de débauche, et qui est devenu depuis une note d’infamie. Cette époque est demeurée tellement scandaleuse entre toutes, qu’encore aujourd’hui, pour flétrir des habitudes d’inconduite poussées jusqu’au raffinement, on ne prend pas d’autre terme de comparaison que la régence.

373. système de law. — Louis XIV avait laissé les finances dans le plus grand désordre, avec une dette de près de trois milliards ; il était urgent de porter remède à un mal si profond. Ce fut dans ces circonstances qu’un Écossais nommé Jean Law[1] vint en France,

  1. Ce nom doit être prononcé Lass.