Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/65

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apparu en songe, et lui avait dit : « Toi et tes descendants, vous serez rois jusqu’à la septième génération, c’est à dire à perpétuité. » La royauté nouvelle semblait pourtant ne devoir jamais être bien redoutable pour ces grands vassaux, qui l’avaient donnée à l’un de leurs pairs ou égaux, et pendant longtemps le roi n’eut pas plus d’importance qu’un duc ou un comte ordinaire. Mais ce fut cette faiblesse même de la royauté qui fit sa fortune : on ne songea pas à limiter sa puissance.

112. Caractère de cette révolution. — « L’avénement de la troisième race, dit Aug. Thierry, est, dans notre histoire, d’une bien autre importance que celui de la seconde ; c’est à proprement parler, la substitution d’une royauté nationale au gouvernement fondé sur la conquête. Dès-lors, en effet, l’histoire de France devient simple ; c’est toujours le même peuple qu’on suit et qu’on reconnaît, malgré les changements qui surviennent dans les mœurs et la civilisatation. »

113. règne peu fertile en événements. — Le règne du fondateur de la dynastie capétienne, comme celui de ses deux premiers successeurs, fut peu fertile en événements. La France était alors démembrée en une foule de grands fiefs, ayant peu de rapports entre eux, et n’en ayant surtout presque aucun avec la royauté. Le domaine royale ne comprenait que l’Ile-de-France et l’Orléanais ; encore ces territoires, qui formaient l’ancien duché de France, étaient-ils coupés par le possessions féodales de plusieurs seigneurs. Le clergé était la seule puissance qui fut partout respectée et redoutée des grands comme du peuple ; aussi Hugues-Capet eut-il soin de rechercher son alliance. On aurait dit toute l’histoire du premier Capétien, si l’on ajoute le court récit des guerres qu’il soutint contre les deux grands vassaux du midi et contre le duc de Basse-Lorraine. Adalbert, comte du Périgord, et Guillaume Fier-à-Bras, comte de Poitier et duc d’Aquitaine, qui ne voulaient pas reconnaître l’autorité royale, furent vaincus et firent leur soumission. Charles de Lorraine, frère du roi Lothaire, qui réclamait la couronne comme héritier de son neveu Louis V, fut fait prisonnier et enfermé dans la tour d’Or-