Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maines. Les mendiants entraient librement dans sa demeure et assistaient à ses repas. Un jour, comme l’un d’entre eux, assis par terre pendant qu’il mangeait, détachait avec son couteau quelques franges d’or de sa robe royale : « Ami, lui dit Robert, laisses-en pour les autres. » Une autre fois, voulant sauver de la mort quelques rebelles, qui avaient conspiré contre lui, il les fit communier tous et communia avec eux ; puis il déclara qu’il ne pouvait ôter la vie à ceux que Jésus-Christ venait d’admettre à la Sainte-Table.

116. robert excommunié. — la reine constance et les aquitains. — Cependant ce roi si pieux encourut l’excommunication pour avoir épousé Berthe de Bourgogne, sa parente à un degré prohibé. À une époque où la pureté des mœurs domestiques n’était pas suffisamment garantie contre la licence introduite et consacrée par les lois barbares qui avaient admis la polygamie, l’autorité religieuse se montrait jalouse de maintenir avec rigueur l’observation des règles canoniques. Robert voulut résister à l’anathème ; tout le monde l’abandonna comme un pestiféré. Les deux seuls serviteurs qui lui restèrent jetaient aux chiens les reliefs de sa tables, et purifiaient par le feu les plats qui avaient été employés à son usage. Et tel fut le scandale causé par la résistance du roi, que la crédulité populaire alla, disent les chroniques, jusqu’à supposer qu’il était né au lieu d’un fils, un monstre avec des pattes d’oie. Robert se moumit enfin et renvoya la reine pour se réconcillier avec l’Église. Il épousa alors Constance, fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse. Cette princesse ambitieuse et hautaine se fit détester à la cour du roi Robert en y introduisant les mœurs, la langue, les coutumes, en un mot toute cette civilisation du Midi, tellement odieuse aux homme du nord, qu’un auteur contemporain nous décrit ainsi les Aquitains qui avaient accompagné la nouvelle reine : « Leurs armes et les harnais de leurs chevaux étaient également négligés ; leur chevaux ne descendaient qu’à mi-tête ; ils se rasaient la barbe comme des