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120. Malheurs publics. — La Trêve-Dieu, 1041. — Au fléau des guerres civiles se joignirent les horreurs de la famine, qui désola plusieurs fois le royaume, la contagion d’un mal terrible connu sous le nom de mal des ardents, et les désordres des guerres privées, que les seigneurs se faisaient sans cesse entre eux, regardant comme un de leurs principaux privilèges de pouvoir user des armes quand il leur plaisait. Le clergé, toujours empressé à faire prévaloir les idées morales, essaya de porter remède à quelques-uns de ces maux ; par son influence fut établie la Trève-Dieu, qui consacrant au Seigneur les quatre derniers jours de la semaine, sanctifiés par les mystères de la Rédemption, défendait, sous peine d’excommunication, de livrer aucun combat, de commettre aucune offense, en un mot, d’exercer le droit de guerre privée depuis le mercredi soir jusqu’au lundi matin.

121. Chevalerie. — C’est alors aussi que commença à paraître la chevalerie, qui devait prendre un si grand développement au temps des croisades, et recevoir un si grand lustre de ces expéditions lointaines. L’Église fit un acte religieux de la réception des chevaliers. Le jeune seigneur qui aspirait à devenir chevalier, après avoir jeûné, passé la nuit de la veille en prières et communié, revêtait une robe blanche, symbole de la pureté dans laquelle il promettait de vivre, et une tunique rouge, symbole du sang qu’il devait verser pour la défense de la religion, des veuves et des orphelins ; puis on lui coupait les cheveux, en signe de la servitude à laquelle il se soumettait. Son parrain lui donnait alors une épée bénite ; des chevaliers et des dames lui mettaient la cotte de mailles, la cuirasse, les brassards et les gantelets, lui ceignaient l’épée et lui chaussaient les éperons d’or. Le seigneur achevait la cérémonie en le frappant trois fois du plat de son épée sur l’épaule et lui disant : « Au nom de Dieu, de saint Georges et de saint Michel, je te fais chevalier ; sois preux, courageux et loyal. »

122. guerre avec le duc de normandie. — Henri I. eut aussi quelques démêlés avec le duc de Normandie Guillaume-le-Bâtard, fils, et successeur de Robert-Ie-Diable, qui était mort en Orient, au retour d’un pélerinage à la Terre-Sainte. Henri avait d’abord aidé le jeune duc à s’assurer la succession de son père ; mais il se brouilla plus tard avec lui, et la guerre éclata entre le suzerain et le vassal. Elle se termina àl’avantage de Guil-