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149. bataille de bouvines, 1214. — Philippe songeait même à profiter des démêlés de Jean-Sans-Terre avec le Saint-Siège pour porter ses armes en Angleterre, quand il apprit qu’une ligue redoutable s’était formée contre lui. L’empereur Othon IV, le comte de Flandre Ferrand, les peuples de l’Aquitaine et ceux de l’Anjou, du Maine et de la Normandie, qui supportaient avec regret la domination française, venaient de se liguer avec Jean-sans-Terre. L’armée ennemie, forte de cent mille hommes, envahit la France par le nord-est, et rencontra l’armée de Philippe-Auguste près du pont de Bouvines, entre Lille et Tournai, 27 juillet 1214. Une tradition peu vraisemblable rapporte que Philippe-Auguste, au moment d’engager la bataille, fit dresser un autel au milieu de la plaine, y déposa sa couronne et déclara qu’il était prêt à la céder au plus digne. Ce qui est certain, c’est que l’action fut très-vive ; les milices communales, qui étaient accourues en foule pour défendre la patrie contre les étrangers, combattirent avec courage. Le roi de France fut jeté à bas de son cheval et faillit être tué. Mais la victoire se déclara enfin pour lui. L’empereur prit honteusement la fuite, et le comte de Flandre, fait prisonnier, après avoir été promené dans une cage de fer par tout le royaume, fut enfermé à la tour du Louvre.

150. expédition du prince louis en angleterre. — Non-seulement la victoire de Bouvines dissipa la ligue formée contre Philippe-Auguste et déjoua les projets des ennemis extérieurs et intérieurs de la France, mais l’Angleterre elle-même fut sur le point de tomber au pouvoir des Français. Le roi Jean, après avoir été contraint de céder aux exigences des barons anglais et de signer la Grande charte, avait révoqué les concessions qu’il leur avait faites (1215). Les barons indignés appelèrent contre lui le fils de Philippe-Auguste. Louis débarqua en Angleterre, et fut proclamé roi. Mais Jean-sans-Terre étant mort l’année suivante, les Anglais abandonnèrent le parti du prince français, pour se rallier autour de l’héritier de la couronne, qui était innocent des fautes de Son père.