dénombrait les ornières de la traverse, maugréant à haute voix.
Le bruit de la porte, s’ouvrant et se refermant, attira son attention. Il aperçut l’homme-singe et se dirigea vers lui avec l’allégresse que suscite la fin d’une corvée.
— On démarre interrogea-t-il. C’est pas trop tôt ! Où allons-nous, patron ?
— Chez toi, murmura Roland, en remontant dans la voiture.
Le tonnerre des roues, dépourvues de caoutchouc, le grincement des essieux et le brimbalement des vitres du fiacre disloqué s’opposaient à toute conversation. L’homme-singe, d’ailleurs, y paraissait peu disposé. Godolphin, encore que la langue lui démangeât — il n’avait pas encore épuisé les réflexions et les curiosités que lui inspirait la bizarrerie de la situation — se résigna à sommeiller.
Rencogné dans un des angles, Roland réfléchissait, se posait, en les ordonnant, les termes du problème qu’il avait à résoudre.
La vérité — ou son point de départ — était à l’endroit où s’était joué le drame, à la villa des Roses. C’était là qu’il fallait aller pour retrouver les traces à suivre, s’il en subsistait quelques-unes.
L’homme-singe se retourna vers son compagnon.
— Godolphin ! appela-t-il.
— Présent patron ! fit le saltimbanque en s’éveillant.
Il se frotta les yeux et regarda le gorille.
— On veut faire causette ? demanda-t-il. Je suis toujours à la disposition de la société.
— As-tu bien compris le rôle que Mlle Sarmange souhaite te voir remplir auprès de moi ?
— Un peu, mon prince ! On n’est pas une gourde. C’est même tout ce que j’ai compris dans l’histoire. Mais, n’est-ce pas ? quand les choses dépassent votre intellect, faut pas insister.