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Fébrile, il tortura son menton. Mais, la réponse de l’homme-singe le tira aussitôt d’inquiétude.

— Je le sais, dit Roland… Je suis… Mon corps est dans un asile d’aliénés.

Le professeur et le docteur baissèrent la tête, également troublés.

— Il faudra, continua le gorille, que vous fassiez les démarches nécessaires… Mon tuteur, M. Sarmange, est, je pense, l’homme indiqué pour aplanir les difficultés et donner les autorisations requises… Mais, je voudrais qu’il ignore…

— Je m’en charge, proposa le docteur Clodomir. Il ne sera probablement pas indispensable de lui faire connaître la vérité.

Mlle Sarmange sera pour vous une alliée. Voyez-la. Moi, je ne puis… hélas ! soupira l’homme-singe, dont le sang-froid devenait à mesure que disparaissait sa fureur st son exaltation, quelle vision horrible je lui ai imposée ! Pourra-t-elle me revoir ? J’ai tué !

— Le singe a tué, rectifié le professeur Fringue. Dans un mois, vous aurez retrouvé votre forme. En attendant, vous allez demeurer ici, car, j’imagine qu’on doit être à votre recherche. Si on vous découvrait, il faudrait dévoiler la vérité. Et ce serait une bien curieuse affaire, bien curieuse, en vérité. De mémoire d’homme, docteur Clodomir, on n’aurait jamais vu se poser un plus bizarre problème de responsabilité. Qui condamner ? L’homme ou le singe ?… Allez chez le banquier, mon petit Silence. Ne compliquons point l’aventure d’un point de casuistique judiciaire.


XIX

La suprême angoisse de Roland Missandier


En vérité, le destin s’acharnait à frapper Flavien Sarmange. La série noire qui avait commencé par l’apparente folie de Roland continuait.