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I

L’INSTITUT DU SCAPEL


En bordure du parc Montsouris, la rue — un embryon de rue, encore béante comme une blessure — s’ouvrait, anonyme et point déterminée. Sa chaussée, crevassée d’ornières et poudrée encore de traînées de plâtre, ressemblait à un chemin de traverse, en pleine campagne. Elle se terminait en cul-de-sac, barrée par des pans de murs galeux et déchiquetés, qui avaient l’air d’implorer la pioche des démolisseurs. Surgis çà et là, à intervalles inégaux, trois hauts immeubles se dressaient comme des dents fausses et trop fraîchement émaillées, piquées sur un râtelier dégarni. Tout au fond, un quatrième, bas et massif, semblait une molaire. Un jour, indécis et finissant, enfonçait entre les bâtisses des tampons de ouate sale.

Venant de l’Avenue de Montsouris, une voiture arriva à la hauteur de la rue, hésita à s’y engager et, finalement, déversa sur le trottoir un petit homme, perdu dans une cape espagnole et dont un sombrero coiffait la tête excessivement chevelue.

Il s’avança aussitôt vers les bâtiments bas, dont le quadrilatère assez vaste bordait un des côtés du cul-de-sac.