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Entre les doigts du chirurgien, la feuille de papier palpita.

— Un apôtre ! fit-il d’un ton pénétré, en regardant son élève.

Celui-ci hocha dubitativement la tête.

— Ou un fou ? reprit le professeur Scapel, en se grattant le menton.

Impénétrable, le docteur Silence continua à hocher la tête. En même temps, il fit un geste qui signifiait que ce point importait peu.


III

LE FIANCÉ DE VIOLETTE


Écrasant, de ses pas rageurs, l’épais tapis de son cabinet, le banquier Flavien Sarmange se promenait avec agitation.

Il leva son index à la hauteur de son visage et l’immobilisa quelques instants dans cette position, en homme qui hésite à prendre une décision ; puis brusquement, il l’étendit vers un bouton électrique placé contre la chambranle de la porte et l’y appuya longuement.

Un domestique parut dans l’écartement des tentures.

Voyez si Mlle Violette est chez elle et priez-la de descendre me parler, commanda le banquier sans se retourner.

Puis il demeura plongé dans une méditation douloureuse, affaissé, voûté comme si ses épaules eussent supporté le poids d’une montagne d’ennuis.

De nouveau, les tapisseries de la porte se soulevèrent et une jeune fille entra, jetant d’une voix fraîche :

— Bonjour, père !

Elle vint présenter son front au baiser paternel et gazouilla avec une moue grondeuse :

— Comme tu es grave !

Sans se dérider, Flavien Sarmange retint dans les siennes les mains de la jeune fille