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est défavorable à M. Borsetti. Transmets-la lui sans tergiversations inutiles. À quoi te servirait de reculer ?

— À rien, évidemment, murmura le banquier d’un ton navré.

— Ne fais pas cette figure. Que M. Borsetti prenne la chose comme il voudra, tant pis ! Quand même nous devrions être moins riches…

— Moins riches ! Ce serait la ruine, tout bonnement !

— Ce que tu appelles la ruine. Nous trouverons encore de quoi y abriter un gentil petit bonheur, et c’est là l’essentiel.

— Tu trouves ? fit le banquier avec amertume.

Violette jeta sur son front un baiser rapide.

— Tu seras riche, puisque tu auras deux enfants qui t’aimeront bien. N’y pense plus. À ce soir, petit père. Fais ma commission à ton millionnaire et sois énergique !

Elle s’enfuit heureuse et légère.

Vaincu, mais non convaincu, Flavien Sarmange soupira en pressant entre ses mains son front soucieux.

— Folle ! qui croit que le bonheur peut se passer d’argent !

À quoi Violette n’eût point manqué de répondre avec autant d’apparence de raison :

— Fou ! qui croit que l’argent peut se passer de bonheur !

Ce n’était d’ailleurs point sans motif que le banquier s’inquiétait. L’apport de Pasquale Borsetti dans les affaires de la banque n’avait été effectué qu’à titre d’essai et pour une période qui, précisément, touchait à sa fin.

Lors de la rédaction du contrat d’association, tout à la joie d’encaisser les millions du Corse, Flavien Sarmange ne s’était point inquiété de la clause restrictive.

Sûr de mener à bien, grâce à ce formidable appoint, les spéculations engagées, il s’était dit que, se trouvant bien chez lui, les millions y resteraient. De fait, la situation de la ban-