Il essaya de sourire ; mais son air malheureux démentait cet effort.
Silencieux, ils se regardèrent quelques secondes.
— Quelle idée ! fit enfin Violette.
— C’est ainsi.
— Et si je vous le défendais ?
— Si vous me le défendiez ?
Il hésita. Évidemment, sa volonté bien arrêté d’avance, vacillait maintenant.
La jeune fille, l’ayant remarqué, lança ses arguments à l’assaut.
— Vous savez que j’ai eu ce matin avec père un entretien décisif. Vous allez être autorisé à commencer votre cour.
— Vraiment ?
Un flot de sang monta à ses joues.
Violette reprit :
— Vous pouvez me remercier, vilain ! Il m’a fallu une éloquence !…
— Pour convaincre mon tuteur ?
— Parfaitement. Sans moi votre tuteur vous lâchait bel et bien. Devinez ce qui s’était passé.
Il esquissa un geste d’ignorance.
— Vous ne devineriez jamais. J’aime mieux vous le dire. Quelqu’un avait demandé ma main.
— Quelqu’un ?
— L’associé de mon père, M. Borsetti… Et le plus extraordinaire c’est que père ne l’a pas envoyé promener. Il a pris sa demande en considération et il a presque exigé que j’en fasse autant.
— Pourquoi ? demanda Roland d’une voix blanche.
— Parce qu’il avait peur de M. Borsetti. Il paraît que cet atroce millionnaire a le pouvoir de le ruiner… Qu’est-ce que cela peut bien nous faire ?
— À moi, rien !… Mais à vous ?
— Roland ! s’écria Violette, en menaçant son fiancé du doigt.