Page:Magre - Isabelle la grande.djvu/525

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ceux que l’on portait au dehors. Aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ils étaient constitués par la casaque moresque, le caban à longues manches ou tabardo, la cape, la capote à capuchon ou marlota avec ou sans manches, mais avec de longues ouvertures latérales pour laisser passer les bras. Le talent des tailleurs, des brodeurs et des fourreurs se donnait libre carrière dans ces vêtements amples, aux longs plis, doublés d’étoffe précieuse en été, et, en hiver, d’hermine, de martre et de petit vair admirablement préparés, soyeux et doux au toucher.

La gorra ou chapeau, formée d’une pièce de velours ou de soie enroulée avec art et ornée de joyaux précieux, complétait le costume. La hauteur des socques, la couleur de la chaussure n’étaient point limitées. Sur les vêtements magnifiques s’enlevaient des ceintures, des colliers, des chaînes, des pendentifs, merveilles d’orfèvrerie.

En même temps qu’ils promulguaient des lois somptuaires, les Rois défendaient d’exporter certaines marchandises dans le dessein d’en modérer le prix. L’intention était bonne ; la mesure n’eut pas moins de fâcheuses conséquences. Les industries dont on arrêtait l’essor périclitèrent faute de débouchés extérieurs, les transactions en souffrirent et le peuple prit des habitudes de paresse qu’encourageait l’afflux de l’or envoyé du Nouveau Monde. Plus tard, Isabelle comprit son erreur et rapporta la plupart de ces ordonnances, mais il subsista un contrôle sévère de l’excellence et de la parfaite qualité des marchandises produites ou vendues. La bonne foi et la probité imposées au commerce espagnol grandirent sa renommée, accrurent son crédit et lui permirent de lutter contre la concurrence étrangère si préjudiciable aux industries nationales. Si, par la pragmatique de Ségovie, datée de 1494, les Rois prohibent le port de vêtements de soie et de brocart, sous les murs de Grenade, en 1499, ils reviennent sur leur décision et tolèrent ou codifient les licences prises par leurs sujets, car les femmes comme les hommes ont toujours eu une propension immaîtrisable à se parer de riches costumes destinés à les embellir : « Toutes les personnes qui ont un cheval et un fils âgé de plus de quatorze ans pourront porter pourpoint, chaperon, bourse, bord de robe et liserets de soie de la couleur qui leur plaira ».

Les modes portées à la Cour régentaient le costume de la noblesse, mais la petite bourgeoisie et surtout le peuple avaient conservé une très grande diversité dans la manière de se vêtir. Longtemps encore après la mort d’Isabelle, les habitants de la vieille Castille s’habillaient à peu près comme les Mores. Le seroual (larges chausses) la gandourah