retentit et d’une rue qui s’ouvrait à droite, un homme s’élança. Il était d’une invraisemblable maigreur et sa tête était coiffée du bonnet noir qu’avaient coutume de porter les juifs. Il écarta doucement Almazan et, prenant Aboulfedia aux épaules, il lui dit :
— Tu es bien Aboulfedia de Séville ?
— Oui, répondit Aboulfedia. Eh bien, après ?
— Moi je suis Anan ben Josué, ton coreligionnaire, et nous habitons Grenade, de père en fils, depuis trois siècles.
Mais ce nom ne disait rien à Aboulfedia, il ne connaissait visiblement pas son interlocuteur, il avait hâte d’atteindre l’Alhambra et sa protectrice par le moyen d’Almazan. Il se dégagea en grognant de l’étreinte du juif.
— Je me moque de mes coreligionnaires, cria-t-il, laisse-moi passer.
Mais l’homme tournait vers lui un visage où brillait l’intelligence. Malgré la résistance d’Aboulfedia, il le saisit par le cou et il lui parla à voix basse. Almazan ne perçut que quelques mots dont il ne saisit pas les rapports et que le juif répétait :
— Tabernacle… Moïse… Grenade…
À sa grande surprise, il vit le visage d’Aboulfedia changer et prendre une gravité extraordinaire, presque dramatique.
— Almazan, dit-il, je te remercie. Mais je vais suivre mon vénérable coreligionnaire Anan ben Josué, que je connais depuis très longtemps et qui a justement à me parler.
Aboulfedia fit signe au jeune Rodriguez et à la