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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/185

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LA LUXURE DE GRENADE

comme l’avait dit Rosenkreutz chez Al Birouni, maints frères de la Rose-Croix avaient péri mystérieusement en Castille et en Aragon, pour le seul crime d’être des philosophes et des savants, c’était cet homme qui avait été l’agent de leur mort.

Almazan allait s’élancer sur lui. Mais l’espion du Saint Office dut comprendre son intention car il se releva d’un bond et, renonçant à sa dignité de Santon, il se mit à courir le long de la grande mosquée, il en atteignit la porte et il disparut. Almazan ne le suivit pas. La présence d’un infidèle dans la mosquée aurait provoqué l’indignation des croyants et il n’aurait pu y faire quelques pas sans être arrêté. Il se promit de prévenir le soir même le Hagib ou même l’Émir et il s’achemina vers l’Alhambra.

Il n’était pas au bout de ses surprises. Comme l’air était étouffant, il s’en alla dans les jardins du Generalife dont il aimait la fraîcheur. Il longea la fontaine des Lauriers et passa auprès du cyprès nain sous lequel était enterré le rossignol.

Il fut frappé par un bruit de voix. Deux formes s’avançaient dans une allée. Il se rappela que Khadidja était jalouse de la solitude de ce coin de jardin et, honteux de troubler à nouveau sa rêverie, il se déroba entre les branches d’un massif.

Mais il reconnut vite l’épaisse silhouette d’Aïxa la Horra. À côté d’elle marchait un homme de petite taille, aux larges épaules, dont la tête était recou-