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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/206

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LA LUXURE DE GRENADE

n’avait plus le vertige maintenant. Elle s’appuyait sur Les pierres d’une tour solide comme la certitude d’être aimée. Un grand bonheur accourait du fond de son âme comme une vague qui déferle sur une plage, venant de l’horizon des mers.

Oui, oui, elle allait ouvrir. Elle était là. Il n’y avait rien à craindre.

Elle leva les yeux vers le ciel avec une pensée reconnaissante pour les bons Gennis qui devaient y planer et ce qu’elle vit lui parut extraordinaire.

Le ciel avait beaucoup plus d’étoiles qu’auparavant. Il éclairait, il ruisselait, il versait des flots d’astres lumineux. Et il n’était pas éloigné, il se rapprochait d’elle, il descendait avec ses planètes, ses constellations, sa voie lactée comme un fleuve de pierreries et le croissant de sa lune comme le symbole prodigieux de l’Islam.

Khadidja avait à portée de sa main tout ce qu’elle pouvait désirer pour réparer le désordre de ses vêtements, se montrer à celui qu’elle aimait sous une parure sans pareille. Elle prit des émeraudes à poignées et elle en parsema sa chevelure et ces émeraudes d’étoiles luisaient d’un feu vert comme elle n’en avait jamais vu. Elle tordit en chaîne les rubis et les topazes de la Grande Ourse et elle s’en fit un bracelet pour son poignet droit. Elle enroula ses jambes dans des brassées de diamants et colla l’étoile polaire sur son front comme une goutte bleuâtre de lumière unique. Mais il lui fallait pour voiler ses seins cette grande écharpe constellée que faisait la Voie lactée. Elle l’enroulerait à son épaule et la laisserait traîner derrière elle comme un ruisseau sur-