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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/216

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LA LUXURE DE GRENADE

Elle avait obtenu d’Abul Hacen qu’il enverrait l’Émir de la Mer lui-même, sur la plus grande galère de la flotte d’Almeria, acheter six danseuses célèbres qu’avait instruites le vieux professeur Chosraï de Damas. La flotte attendrait le retour de Daoud pour ravager les ports espagnols.

Ce qui était plus grave, c’est qu’il fallait qu’Isabelle attendît de même. Aussi, Aboulfedia fut-il accueilli par des cris de joie quand il annonça que le lendemain, il ferait danser un singe savant, habillé de différents costumes, avec la jeune Rébecca.

Quelques esclaves fidèles et quelques eunuques furent invités et on décida que le spectacle serait donné dans le Jardin du Cyprès où il y avait une pelouse assez large, bordée de lys.

Le singe était d’humeur vagabonde et il était enfermé dans un coffre de bois très épais, recouvert de clous de cuivre, que portaient Rodriguez et Rébecca. Il n’y avait pas de trous à ce coffre pour que l’animal respirât, aussi se mit-il à bondir avec allégresse, dès qu’on ouvrit le couvercle. Aboulfedia était chargé d’une extraordinaire quantité de robes de toutes couleurs et il demanda une pièce où il pourrait habiller le singe, ce qui était long et compliqué.

Isabelle lui fit prendre possession d’une salle de repos qui donnait sur le jardin et qui communiquait avec ses appartements, situés au premier étage, par un petit escalier tapissé de mosaïques orange.

Les danses de Rébecca et du singe eurent un grand succès. Rodriguez, assis, les jambes croisées, sous la glycine qui avait vu quelque temps auparavant la chute des deux épouses rivales, jouait de la guzla,