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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/233

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LA LUXURE DE GRENADE

son compagnon de voyage Aboulfedia penché sur le coffre mystérieux sur lequel il n’avait pas cessé de veiller jalousement depuis le départ d’Almeria. Le couvercle en était soulevé et Aboulfedia était perdu dans une contemplation muette.

Du haut des marches, Al Birouni regarda le coffre. Dès le départ, il s’était demandé ce que ce juif haletant et hagard pouvait bien avoir à transporter de si précieux. Maintenant, il le voyait. C’était un objet en or massif, mais en or étrange, prodigieusement ancien et qui dégageait un rayonnement surnaturel. Al Birouni fit un léger mouvement de surprise. Le couvercle du coffre se referma brusquement et Aboulfedia en fit jouer les ferrures.

Al Birouni descendit doucement les marches, s’assit, les jambes croisées et se mit à réfléchir.

Il avait lu dans Flavius Josèphe et dans d’autres historiens juifs et arabes, la description du Saint des Saints, enfermé par Moïse dans le Temple de Jérusalem. Il connaissait les légendes Arabes sur le Talisman transporté par les premiers conquérants Maures et enfermé dans l’Alhambra. Il avait fait des rapprochements entre les deux objets sacrés de ces races différentes. Il se rappela qu’il avait entendu parler d’une confrérie judaïque qui avait pour but de rechercher, en Espagne, l’ancien Tabernacle. Et il lui vint brusquement la conviction que ce gros homme aux petits yeux l’avait découvert à Grenade, l’avait volé et l’emportait vers la terre qui avait été le berceau des Juifs.

Al Birouni savait qu’un initié comme Moïse pouvait, pour des siècles, enclore dans le métal une force