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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/304

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XXII

l’autodafé

Dans la lumière rose du matin, la porte de la Santa Casa s’ouvrit et les cloches de Séville qui sonnaient à toute volée s’arrêtèrent en même temps. La foule, qui remplissait les rues et était suspendue aux fenêtres des maisons, frémit et devint un instant silencieuse. La mystérieuse tristesse qui plane sur les fêtes humaines parut plus lourde, plus angoissante, comme si l’âme désolée de tous les dimanches de l’année s’était concentrée en cette aurore.

Et le cortège s’organisa avec une lenteur solennelle. Almazan était revêtu du San-Benito de laine jaune sur lequel étaient grossièrement peintes des flammes et des figures ridicules de démons. Il portait sur la tête le bonnet rond, pyramidal, connu sous le nom de coroza et marqué d’une croix rouge. Comme ses pieds et ses jambes ne formaient, jusqu’aux genoux, que de vastes plaies purulentes, il était porté sur un brancard par deux Familiers de l’Inquisition. À sa