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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/50

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LA LUXURE DE GRENADE

« Ce qui vient de m’arriver est extraordinaire. Tout à l’heure j’ai cru entendre dans la pièce voisine de celle où je lis et où je dors comme un frôlement, le frisson d’une chose feutrée contre le mur. J’ai pris dans ma main la lampe de cuivre, j’ai ouvert la porte et j’ai regardé. J’ai vu ou j’ai cru voir un rat géant, avec un visage humain extrêmement pâle qui m’a regardé une seconde et qui s’est enfui par l’autre porte de la pièce qui donne sur l’escalier. J’ai posé la lampe et j’ai voulu le poursuivre. Mais j’ai buté dans l’obscurité. J’ai entendu sa queue velue qui effleurait les pierres. Alors je me suis souvenu de l’Antéchrist et de son avènement.

« Il y a aussi une chauve-souris d’une taille extraordinaire qui se promène comme un homme sur la galerie de la maison. Elle est extrêmement craintive. Au moindre bruit que je fais en entr’ouvrant la fenêtre elle s’envole par-dessus le toit. Mais quand j’éteins la lampe elle vient se tapir contre le volet et elle écoute pendant des heures ma respiration. Je regrette de ne pas avoir une épée. Je porterais un immense coup dans le bois du volet et je l’y clouerais. Oui, une épée, une épée aiguë. J’enverrai Pablo en demander une à Almazan. Il faut que je voie de près comment sont ces premiers exemplaires d’hommes, annonciateurs du règne de la Bête.

« Depuis mon arrivée dans cette demeure antique, je n’ai conversé qu’avec Almazan et Christian Rosenkreutz. Pablo va chaque matin à Cantillana chercher, des provisions. Tous les trois doivent savoir. Pour-