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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/52

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LA LUXURE DE GRENADE

» Ce n’est plus la peine que j’écrive quoi que ce soit, car les bêtes ne lisent pas. »

Almazan laissa presque tomber de ses mains le cahier de l’archevêque Carrillo, tellement il était rempli de stupeur. Il fit de nouvelles hypothèses. Peut-être son maître s’était-il empoisonné lui-même avec le breuvage d’Arnaud de Villeneuve et c’était ce breuvage qui lui avait auparavant troublé le cerveau ? Mais il avait bien vu pourtant un trou circulaire dans le volet de la chambre ? L’archevêque pouvait l’avoir percé lui-même pour surveiller ce qui se passait sur la galerie. Et Pablo ? Peut-être lui avait-il fait boire aussi le même poison dans le but de lui procurer une salutaire ivresse spirituelle ? Pourquoi l’avait-il envoyé à Séville à travers la nuit ? Peut-être simplement pour satisfaire sa lubie d’avoir une épée, afin de clouer au volet une chauve-souris chimérique.

Christian Rosenkreutz demeurait, pour Almazan, une énigme qu’il ne pourrait éclaircir qu’à Grenade. Car il pensait que, malgré tout, son devoir était d’obéir à la dernière volonté de l’archevêque et de le faire avec la précipitation que celui-ci lui avait recommandée.

Tenant son cheval par la bride, il était arrivé, en réfléchissant, à l’extrémité de l’allée de peupliers qui aboutissait à la route. Dans la direction de Séville, il vit au loin quelqu’un qui se dirigeait de son côté.