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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/70

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LA LUXURE DE GRENADE

vers la quatorzième année. Dès ce moment il ne pensait qu’aux femmes. En principe, le Koran les défend avant le mariage, mais dans la pratique ce n’est pas un péché. Le fils d’Ali Hamad pouvait avoir toutes les femmes qu’il désirait. Il n’en a eu aucune ! Dès qu’il approche d’une femme, il a peur, il se met à trembler, il claque des dents. Notez qu’il passe ses journées à les appeler et à les désirer. Et de quelle façon ! C’est au point que ceux qui le connaissent, l’ont surnommé le bouc. Le bouc impuissant ! C’est drôle. Comment expliquez-vous cela ? À la fin, son cerveau en a été troublé, il ne sait plus bien ce qu’il fait. Le plus grand médecin de Fez est venu le voir et n’a rien trouvé pour le guérir. Comme il injurie quelquefois les passants, son père, dont je suis l’intendant, me charge de le suivre pour l’excuser et verser au besoin une indemnité. Est-ce que…

Le gros homme bavard tenait une bourse dans la main. Sur le signe de tête négatif d’Almazan, il reprit :

— Moi, je crois qu’un jour cela lui passera sans qu’on sache pourquoi. Les maux viennent et puis s’en vont selon le caprice d’Allah.

Il était monté à cheval. Il éclata d’un gros rire.

— Mais ce jour-là, il faudra que la femme à qui il s’adressera soit une bien grande amoureuse pour pouvoir le satisfaire.

Il était déjà loin et Almazan entendait encore son rire et se demandait pourquoi le jeune homme qu’il venait de rencontrer et même son serviteur, lui inspiraient une si vive répulsion.

La porte d’Elvire était encombrée de muletiers et de