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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/127

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Je voyais un personnage grand, pauvrement vêtu, quoique de façon assez correcte, mais d’habits trop larges qui ne semblaient pas avoir été coupés primitivement à son usage. Des pantalons de zouave et des cheveux assez longs lui donnaient cette vague allure à laquelle aspirent les humbles qui ont pour idéal d’être des artistes.

Un ancien ouvrier qui aurait voulu devenir peintre ou chansonnier de Montmartre. La timidité et l’absence de dons l’avaient empêché de parvenir. Une bonté naturelle l’écartant des mauvaises actions, il n’avait pu s’élever ni par le bien, ni par le mal. Un homme charmant, en vérité, qui était passé à côté de tout sans oser s’arrêter. Il avait en lui des trésors d’amour pour des êtres qu’il ne regardait que de loin,