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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/137

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Une petite congaï que l’on prend chez Thi-Ba-Sen ne vaut pas plus que les quelques piastres contre lesquelles on l’échange. Elle est une servante dans la maison, un compagnon sur les nattes de la fumerie, une camarade sensuelle aux heures de sieste. On la prend et on la quitte pour quelques mois ou quelques années comme l’on prend, en Europe, une femme pour une soirée.

Or il se trouva que ma petite amie Thi-Nam parlait à merveille le français, avait lu des livres, laissait poindre dans ses paroles une âme semblable à la mienne. Fille d’une congaï enrichie et mariée à un interprète, elle avait été élevée chez des sœurs, avait appris nos usages et nos pensées. Mais sa mère était morte et l’interprète s’en était allé, abandonnant Thi-