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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/141

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Aux premières magies de l’opium est lié pour moi le plaisir que j’eus à instruire Thi-Nam des choses que j’aimais. En face de moi, derrière la lampe, je voyais se tendre son mince corps sous le ke-hao de soie noire, je voyais son chignon lisse, son front étroit et ses yeux brillants. Je goûtais la douceur profonde d’une parole qui est comprise, d’une pensée qui s’agrandit parce qu’elle est partagée.

La chambre où nous fumions, à Cao-Bang, où j’avais été nommé administrateur, se prolongeait par une grande véranda après laquelle on voyait un jardin aux végétations extraordinaires. Derrière la claire-voie d’osier se pressaient les cocotiers, les caoutchoucs, les arequiers. L’odeur de l’opium se mêlait délicieusement aux sucs des végétaux. Et